Rémo Gary

Presse

L’accusé de réception d’idées de Rémo Gary

Tous les deux-trois ans il nous pond son neuf, poétique et politique, son nouveau disque forcément tout beau, gorgé d’enviables mots. On sait que ce sera bien – ça l’est, même au-delà des mots ! – mais on ne sait pas encore comment, cette fois-ci, il s’y sera pris pour les tordre, les accoler, les accoupler, les faire parler, rendre gorge, rendre l’âme.

         Rémo Gary est un partageux. Même si son petit commerce connaît des phases en solo, des vers solitaires, il aime par dessus tout s’accompagner, rameuter ses copains, agiter son foulard (rouge), partager des canons (pour le coup, rien que des communards). Partager des idées aussi, les envoyer de ci de là, dans l’espoir qu’elles arrivent quelque part, fusse dans la terre pourvu qu’elles y poussent et reboisent nos têtes un peu chauves. Recevoir de telles idées, ça doit être ça, ses Idées reçues, comme il vient de baptiser le p’tit dernier.           

            Bon, cette chanson-titre est juste là pour se plaindre de ne plus assez en recevoir, de ces idées, de celles d’Olympe de Gouges, de Rosa Luxembourg ou de Louise, la vierge rouge. De celles-ci et d’ailleurs. Tristesse et aridité de notre temps, on ne brasse plus d’idées, on a le gosier sec… Alors Gary sert ses vers. La couverture du livret, qui correspond à la chanson [On devrait être] Ce que ceux-là voulaient pour nous, est faite de portraits de ces fabricants d’idées, de ces brasseurs tous mis en bière : Marx, Allende, Ferré, Camus, Hugo, Leprest, Lénine, Moulin, Palach, Jaurès, Bakounine, Manouchian, Michel, Mandela, Fanon, Couté, Guevara, Villon et Cie, au sein(s) desquelles survivent les femen. Les idées, les espoirs aussi. Et les luttes : « On parle de pain sec et l’on sent le gâteau / En remuant la plaie on sent mieux le couteau / Celui que l’on pourrait serrer entre les dents / Pour aller voir la mort et lui foutre dedans / Avec des mots nouveaux, de première tendresse / Faut bien faire quelque chose avec la tristesse. » Leprest encore, par un hommage que seul un comparse de fine plume tel que Gary pouvait torcher ainsi : « Ça c’est passé un dimanche / Il pleut, il pleut sur ma manche / Je suis plus vieux d’un copain / Qu’avait plus le goût du pain / Plus de goût pour le malheur / Plus beaucoup de ventre au cœur / Qu’avait plus de corps, ou presque / Je fais du Allain Lepresque. »

Le disque s’ouvre et se ferme avec deux chansons, en fait une et une seule : Ouvre puis Ferme. Non de Rémo Gary mais d’Edmond Haraucourt, poète haut-marnais du début du siècle passé. Un frère de lait sans doute de Gary tant l’inspiration (dans le genre Quand le monde aura du talent…) est pareille : « Ouvre tes bras pour m’enlacer / Ouvre tes seins que je m’y pose / Ouvre aux fureurs de mon baiser / Ta lèvre rose / Ouvre tes jambes ; prends mes flancs / Dans ces rondeurs blanches et lisses / Ouvre tes deux genoux tremblants / Ouvre tes cuisses. » Au terme de cet album, Gary/Haraucourt referme tout ce qu’il a précédemment ouvert. J’ai dû écrire un jour (et si je ne l’ai pas écrit, je l’ai pensé très fort) que chaque nouveau Gary était une taille au-dessus du précédent : cet album nous le confirme encore.  Michel Kemper

Idées reçues

Année : 2014Imge Cd idées reçues
Durée : 39'03
Réf : PAT/1/2014

Commander (15 €)

  • Ouvre (Edmond Haraucourt / Laurent Rualten)
  • Avec la tristesse  (Rémo Gary / Joël Clément)
  • Idées reçues (Rémo Gary)
  • Jouons les empêchés (Rémo Gary / Clélia Bressat-Blum)
  • Espoir benjamin (Rémo Gary)
  • Les feuilles à l'envers (Rémo Gary / Romain Didier)
  • Ma femme de chevet (Rémo Gary / Joël Clément)
  • Canuse, chenuse (Rémo Gary / Frédéric Bobin)
  • Ce que ceux-là voulaient pour nous  (Rémo Gary)
  • Comme un lundi  (Rémo Gary / Clélia Bressat-Blum)
  • Tostes (Robert Vitton / Frédéric Bobin)
  • Ferme (Rémo Gary / Laurent Rualten)

Paroles

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